Dans sa « lettre libérale » publiée dans Le Temps du lundi 6 décembre 2021 et intitulée « La vérité sur les vertus éthiques du capitalisme », Emmanuel Garessus défend l’image d’un capitalisme libéral qui serait « vertueux », aurait un « cœur », et nous « rendrait meilleurs ». Comme nous l’argumentons, Myret Zaki et moi-même, dans notre réponse publiée ce jour dans le journal économique Bilan, cette démarche se fait au mépris des faits, comme le creusement historique des inégalités et les subventions étatiques sans précédent aux riches et aux entreprises. Mais surtout, il ne rend pas justice à la pensée d’Alexis de Tocqueville, pourtant convoquée dans son article, ni à celle d’Adam Smith dont on aura trop souvent repris l’idée de « main invisible » comme si elle était une vérité et un concept fondateur de l’économie politique libérale.
Economie
Cash will be back!
Donnant suite à la double interview que j’ai donnée avec M. Thierry Lebeaux, le secrétaire général de la European Security Transport Association (ESTA), le magazine économique Bilan publie un article critique face à la volonté des banques privées faîtières des systèmes de paiement sans cash de diaboliser le cash en tirant profit de la crise sanitaire du coronavirus pour servir leur propres intérêts financiers et politiques, à moyen et long terme. Nous y défendons l’idée que l’anonymat intrinsèquement lié à sa nature permet au cash de préserver des libertés individuelles et d’entreprendre qui serait anéanties si nous rentrions dans le cauchemar de surveillance vers laquelle une cashless society nous amènerait inévitablement.
Les micro-influenceurs du Web
Ils seraient capables de nous influencer. Dʹune simple photo, dʹun simple statut ou dʹune histoire sur les réseaux sociaux, les influenceurs seraient les nouvelles bottes secrètes de la publicité et des agences de marketing. En quête de pertinence, de rentabilité, dʹauthenticité, les stratèges numériques sont aussi en quête de micro-influenceurs : une façon de se dédouaner des algorithmes des géants du Net? Lʹidée de « preuve sociale » prend là une toute autre ampleur. J’ai été invité à en parler avec les chroniqueuses Coraline Pauchard et Pauline Seiterle dans l’émission 6h-9h Le Samedi de la RTS La Première en ce samedi matin à 8h30.
Les architectes de l’attention
Je viens de publier dans la revue Lectures un compte rendu de l’un de mes coups de cœur de 2016, un essai philosophique de Matthew B. Crawford, philosophe et mécanicien moto qui propose une critique acerbe du capitalisme numérique de l’attention et d’un individualisme désincarné. Ils visent selon lui à nous faire consommer de la culture frelatée et à nous enfermer dans un monde déconnecté de la réalité. En réponse, l’auteur développe une proposition éthique pour en sortir et rétablir un contact avec la matérialité et la réalité du monde qui nous entoure.
L’allocation universelle: entre utopie et réalités
Qu’est-ce que l’allocation universelle? Quels sont ses penseurs, ses initiateurs, leurs arguments ainsi que ses principaux principes?
L’allocation universelle se présente comme une solution qui permettrait de dépasser la crise contemporaine du marché du travail qui rend impossible, selon les différents penseurs, tout retour au plein emploi. La solution est radicale: il s’agirait de remplacer les mesures de protection sociale actuelles par le seul octroi d’un revenu minimum de subsistance. Celui-ci serait inconditionnel et au montant égal pour tous, que l’on soit un riche banquier ou un chômeur de longue durée. De la sorte, disposer d’un emploi suffisamment rémunéré cesserait d’être une condition incontournable pour pouvoir vivre décemment. Les plus démunis retrouvent leur dignité et les moins démunis voient leur qualité de vie augmenter.
Le principe de l’allocation universelle certes est simple et séduisant, mais il n’est pas sans poser un grand nombre d’interrogations. D’aucuns craignent par exemple l’apparition d’une paresse endémique. D’autres, le triomphe d’un modèle néolibéral qui arriverait enfin à terme à supprimer toute forme de protection sociale.
« Si l’ordre civilisé enlève à l’homme les quatre branches de subsistance naturelle, chasse, pêche, cueillette, pâture, composant le premier droit, la classe qui a enlevé les terres doit à la classe frustrée un minimum de subsistance. »
Charles Fourier, La fausse industrie, 1836
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