Les mots des choses artificielles

Les entreprises de vente en ligne ont complètement intégré le marketing relationnel. Les algorithmes de recommandation, aujourd’hui enrichis par le machine learning, sont au cœur de leur design économique. Il en va autrement des commerces qui ont encore pignon sur rue. Même si pour les plus grands, les systèmes de cartes de fidélité permettent de récolter des données sur les achats des clients et de proposer des produits associés, par le biais de bons de réduction envoyés par email, par courrier ordinaire ou s’affichant lors du passage en caisse, beaucoup reste potentiellement à faire. Et pour les plus petits commerces, le client demeure encore passablement opaque.

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Toutefois, avec la démocratisation du Big Data, de l’intelligence artificielle et sans doute bientôt grâce à la 5G de l’internet des objets ─ des objets réels ou artificiels devenus bavards en mots numériques ─ va-t-on assister à l’invasion de notre quotidien par un réseau d’objets « intelligents » qui n’auront de cesse de vouloir capter notre attention pour nous pousser à la consommation ? La présentation « Les mots des choses artificielles : vers une invasion de l’intelligence ? », que je donnerai  à l’occasion de la Journée d’Etude IA et SHS organisée par la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société Sud-Est le 27 avril 2020, a pour objectif de dresser un bilan des applications déjà existantes, des futurs développements à venir ainsi que des horizons d’attente des différents acteurs économiques.

Le savoir privé des données

Le quotidien Le Temps m’a accordé une courte interview où j’ai pu exprimer mes inquiétudes sur le fait que le pouvoir politique était en train de basculer en faveur du secteur privé reposait également sur la problématique de la détention des données privées par les géants du net. Dans la continuité de mes travaux, j’y propose de mettre de coté un instant les discussions sur la protection sur la sphère privée pour aborder la question du développement du numérique en termes de pouvoir.

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Les mots et les choses du numérique

Nous sommes désormais tous d’accord : avec la numérisation, notre monde a changé, malgré une indiscutable continuité. Bien que reposant plus que jamais sur un modèle capitaliste qui ne date certes pas d’hier, il a changé dans sa façon de fonctionner, mais aussi de penser et de se penser. Malgré ce consensus qui s’impose face aux faits, il reste difficile de désigner un concept fédérateur qui ne soit pas traversé par des enjeux de pouvoir sérieux, notamment commerciaux. Le concept du « big data », issu des milieux technologiques, est probablement le plus dominant, mais il n’a jamais été neutre ni scientifique. Big data, humanités digitales ou numériques, société du savoir, révolution de l’Internet, révolution numérique, disruption numérique, capitalisme informationnel, capitalisme cognitif, société de surveillance… avec quel concept les chercheurs en sciences sociales peuvent-ils alors travailler ?

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Dans Les mots et les choses (1966), Michel Foucault historicise le savoir et propose d’étudier son développement (tout sauf linéaire) depuis l’âge préclassique jusqu’à la modernité, autour du concept d’épistémè. Malgré la grande complexité de ce qui est sans doute le texte le plus dense du philosophe, Lire la suite

The order of digital things

Almost all of us agree on this point: through its digitization, our world has changed, despite an indisputable continuity. While relying on a capitalist model, it has changed in its way of functioning, but also of thinking and thinking on itself. Despite this consensus on the facts, it remains difficult to designate a unifying concept that would not be trapped in power struggles, especially commercial. The concept of « big data », originating from the technological world, is probably the most dominant one in current-days, but it has never been neutral or scientific and will never be.

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Big data, digital humanities, knowledge society, Internet revolution, digital revolution, digital disruption, information capitalism, cognitive capitalism, surveillance society … with what concept can social scientists work? During this presentation followed by a discussion with the faculty members of the STS studies department of the Cornell university, I tried to imagined what Michel Foucault could have said about the epistemology of that could have been seen a the emergence of a digital episteme.

Quel Chomsky êtes-vous?

« I do “Chomskyan linguistics”. This has nothing to do with his critiques of media and propaganda. The linguistics has NOTHING to do with communication ». C’est la réponse de notre conférencier à notre invitation à intervenir dans un cours de communication de l’UQAM ayant prévu d’aborder la perspective du philosophe linguiste. Puis, à la suite d’une projection arrosée du documentaire d’animation réalisé par Michel Gondry, où sont abordés avec Chomsky des sujets fondamentaux comme l’épistémologie et la cognition, il nous est finalement apparu pertinent de réfléchir aux liens entre les « deux Chomsky ».

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Cette conférence aura lieu le mercredi 15 mars 2017, de 15h30 à 17h30, à l’Université du Québec à Montréal, salle N-3745 (1205 Pavillon Paul-Gérin-Lajoie, rue Saint-Denis, Montréal, H2X 3R9). Lire la suite

Du big data au big bêta

Découvrez ma première contribution en tant que nouveau blogueur du journal Bilan, la référence suisse de l’économie. J’y donne une lecture critique du big data, en proposant de le mettre au centre d’un débat politique et éthique, plutôt que de le subir comme une révolution digitale inéluctable dictant ses propres lois supposément « naturelles ».

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La 4ème révolution technologique?

Serions-nous entrés dans une 4ème révolution, une révolution technologique et industrielle, comment aiment à le prédire nombre de prédicateurs du digital? Et si oui, avec quels enjeux, quels risques, et surtout, quelles promesses? A l’occasion de l’émission Babylone sur RTS Espace 2, je m’exprime sur le sujet conjointement avec Dominique Vinck, qui revient sur ce que signifient ces promesses et ce qu’elles impliquent, et qui présente la sortie d’un article intitulé Les digital humanities comme promesses pour et par les sciences humaines. J’explore le phénomène du big data, sur la base de mon prochain article à paraître, Big Data, Big Problems? Enjeux éthiques et sociaux du big data.

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Le big data, l’illusion d’un savoir pur?

Je réponds dans un article publié aujourd’hui dans le quotidien Le Temps à ce qui me semble être une croyance illégitime envers les miracles supposés du big data. Certes très utile et enthousiasmant pour un tas de bonnes raisons, il répond avant tout à des objectifs situés historiquement, politiquement et économiquement.

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