Le Groupement Romand de l’Informatique (GRI) a dédié le 8 mai 2015 sa cinquième journée annuelle sur la gestion de la sécurité informatique au thème du Big Data. J’y ai présenté une perspective critique du Big Data. Résumé ci-dessous.
Le Big Data est communément présenté comme étant une innovation majeure tant sur le plan technique que sur le plan sociétal. Il est censé transformer notre rapport à l’information, au savoir et à la connaissance, notamment en favorisant la collecte en masse de données de toutes provenances ainsi que leur agrégation dans d’immenses bases de données non-structurées. Selon ses promoteurs, aucune industrie ni aucune organisation ne pourra y échapper, sous peine de louper le coche de la nouvelle révolution numérique. Encore une !
Pourtant, la définition même du Big Data pose déjà problème. La validité du type de connaissance qu’il permet de produire est également de plus en plus sujette à caution. En outre, l’agrégation des données se heurte aux principes fondamentaux des lois sur la protection des données, notamment l’obligation d’annoncer aux individus la finalité de la collecte de leurs données personnelles. Comment dès lors concilier l’esprit des lois de protection des données avec les principes fondateurs du Big Data d’agrégation et de collecte de données sans pouvoir annoncer précisément au préalable ce qui va en être fait ?
L’exposé proposera un tour d’horizon des visions et des définitions Big Data dans leur pluralité. Il montrera comment des données a priori anodines, lorsqu’elles sont croisées, peuvent devenir de redoutables indicateurs de la personnalité d’un individu ainsi que des motifs de discrimination. Enfin, il proposera une analyse détaillée des enjeux sociaux et politiques de Big Data, au-delà de la seule question de la vie privée, qu’il présentera par ailleurs comme étant un dispositif qui peut paradoxalement et contre toute attente renforcer le dispositif de surveillance généralisé rendu possible par le Big Data.